Hiver 1937. Dans les brumes froides qui enveloppent les quais de Seine à la hauteur du Pont de Neuilly, une étrange silhouette émerge d'une péniche. Elle franchit l'étroite passerelle qui la ramène à terre, encadrée par deux policiers... Une silhouette élégante… et inquiétante. Celle d’une femme d’1m66 à la forte carrure, serrée dans un costume d’homme, les cheveux courts et le regard noir de jais. La championne des stades… et du scandale. Mais que s'est-il passé sur cette péniche ?
Dans ce hors-série de Home(icides), nous allons vous raconter l'histoire d’une femme et d’une sportive enragée, dans les années 30. Une femme qui, par manque d’amour, s’est haïe elle-même, avant de haïr le monde entier. Cette haine a fait d’elle une championne hors normes. Peut-être la plus grande sportive française de l’histoire. Mais elle l’a aussi poussée à devenir criminelle. Et, finalement, à entrer au service des Nazis. Cette femme, c’est Violette Morris.
Violette Morris est en détention. Elle est incarcérée à la prison pour femme de la Petite Roquette, dans l’affaire du “crime de la péniche”, commis juste après Noël, le 27 décembre 1937. L’ex-médaillée olympique et championne omnisports est accusée d’homicide. Les policiers ne sont plus les seuls à chercher à faire toute la lumière sur ce meurtre. La presse aussi mène l’enquête sur le “phénomène Violette Morris”... Mais pourquoi en est-elle venu à tuer un homme ?
En 1938, lorsqu’elle est acquittée du meurtre du légionnaire commis sur sa péniche, la carrière sportive de la championne Violette Morris semble terminée. Mais une autre a déjà commencé… Celle qui s’est sentie rejetée par sa propre famille et par la grande “famille” du sport a trouvé un autre sein auquel se vouer : le régime Nazi. Et Violette Morris va y gagner un nouveau surnom : “La hyène de la Gestapo.”
26 avril 1944. Sur une petite route de Normandie mal carrossée, une traction avant vrombit. Au volant, conduisant comme à son habitude pied au plancher et la cigarette aux lèvres, se trouve un certain “M. André”. C’est un personnage à la forte corpulence et aux cheveux noirs plaqués en arrière sous une casquette de laine. En réalité, “M. André”… est une femme. Il s’agit de Violette Morris. Elle se fait appeler ainsi dans cette partie de la France occupée où elle a ses habitudes…